Une délégation composée de l’ambassadeur de France en Haïti, Antoine Michon, et du coordonnateur général du Programme National de Cantines Scolaires (PNCS), Me Kevenot Dorvil, chèf d’antenne Nord du PNCS Pierre André, s’est rendue mercredi à l’usine de transformation de riz de l’organisation CLÉS, implantée à Carrefour Chevry, dans la commune de Fort-Liberté. Cette visite s’inscrit dans le cadre du partenariat de coopération entre la France et le PNCS.

Pour l’année académique 2025-2026, la France a réaffirmé son engagement en prenant en charge le financement des repas quotidiens de 80 000 élèves en Haïti, a indiqué le diplomate. Ces repas, composés exclusivement de denrées locales (riz, maïs, haricots, lait), permettront non seulement de nourrir les écoliers, mais aussi de soutenir directement plus de 3 500 agriculteurs et 1 500 éleveurs haïtiens.
« Chaque repas distribué, c’est un enfant qui apprend dans de meilleures conditions. Mais c’est aussi un débouché pour un producteur et une source de revenu pour une famille », a déclaré Antoine Michon, insistant sur l’impact social et éducatif du programme. « Offrir un repas à l’école, c’est inciter les enfants à y rester, les assurer d’une meilleure santé et favoriser leur réussite scolaire », a-t-il ajouté.

De son côté, Me Kevenot Dorvil a rappelé l’importance de l’investissement consenti cette année : « Le budget 2025-2026 s’élève à 1,2 milliard de gourdes, dont une large part est destinée à l’alimentation scolaire. Un protocole d’accord a été signé avec les producteurs locaux afin de stimuler et valoriser la production nationale. »
Le directeur de l’organisation CLÉS, Albert Paul Joseph, a salué cette initiative et confirmé la disponibilité de son usine : « Nous sommes prêts à fournir, en quantité comme en qualité, les produits nécessaires pour respecter notre engagement envers le PNCS. C’est l’occasion de démontrer que l’industrie locale peut relever ce défi et répondre aux besoins du pays. »

Toutefois, si cette démarche est largement applaudie, elle soulève également des interrogations. Le financement étranger reste une base fragile pour un programme aussi essentiel que celui des cantines scolaires. Cette dépendance vis-à-vis de l’aide internationale met en lumière la difficulté pour l’État haïtien à garantir par lui-même la durabilité d’une telle politique publique.
Dans un contexte de crise agricole et d’insécurité alimentaire persistante, l’enjeu demeure de s’assurer que la production nationale puisse réellement répondre aux besoins en termes de quantité, de qualité et de régularité. Sans accompagnement structurel ni politiques agricoles solides, l’objectif de “manger local” risque de se heurter à des limites.
En attendant, pour les 80 000 enfants bénéficiaires, chaque repas servi représente une chance supplémentaire de rester sur les bancs de l’école. Mais à l’échelle nationale, la question de la pérennité du programme reste entière.