Dans une correspondance adressée à Me Carlos Hercule, le nouveau ministre de la Justice fraîchement installé, le Collectif des Avocats pour la Défense des Droits de l’Homme (CADDHO), sous la coordination générale de Me Amel Remy, a appelé à un dialogue franc entre le ministre et les magistrats debout grévistes. Le CADDHO a saisi cette occasion pour féliciter le ministre Hercule pour son parcours exceptionnel, notamment en tant qu’ancien bâtonnier de Port-au-Prince.
Le CADDHO, organisation œuvrant depuis 2019 dans la promotion et la défense des droits humains, est profondément préoccupé par les répercussions des grèves répétées au sein du système judiciaire haïtien. Depuis plus de cinq ans, le fonctionnement de ce système est perturbé par des grèves successives de greffiers, huissiers, magistrats debout et assis, affectant gravement la justice en Haïti. En tant que défenseurs des droits humains, nous reconnaissons le droit légitime des magistrats et greffiers à revendiquer ce qui leur revient de droit.
Actuellement, 83,3 % des prisonniers en Haïti sont en détention préventive prolongée. La fréquence des grèves contribue à l’augmentation de ce chiffre alarmant. Vous, qui avez été un avocat militant, comprenez parfaitement que durant ces périodes de grève, aucun prévenu ni détenu ne peut être entendu, et leurs dossiers ne font l’objet d’aucun suivi, entraînant parfois leur perte. Les prisonniers sont ainsi victimes d’une double injustice.
Un prévenu a récemment tenté de se suicider au commissariat de Delmas après plus de six mois sans comparution devant son juge naturel, une situation causée par les grèves répétées.
Pour toutes ces raisons, nous vous exhortons, Monsieur le Ministre, à organiser de toute urgence une rencontre avec les magistrats debout grévistes afin d’éviter cette énième grève, qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la vie des détenus dans les centres carcéraux haïtiens.